De retour en Europe après une année de retraite, Gyétrul Jigmé Rinpoché nous offre une belle occasion de retrouvailles. Pendant trois semaines, notre communauté spirituelle internationale retrouve ses trois Maîtres ensemble. …
« Du fond de ma pratique, ma retraite m’a donné l’opportunité de penser à vous, de prier pour tous et de développer encore plus de discipline ». C’est ainsi que Gyétrul Jigmé Rinpoché nous retrouve pour cette première semaine sur le Bardo de la mort. Il ajoute : « Elle m’a aussi permis de comprendre profondément la différence entre étude et pratique. L’expérience de la pratique est plus profonde car on est au-delà de l’analyse, de la pensée, de l’interprétation. Vous devenez libre car cette expérience n’offre aucune base de saisie ou de fixation. On devient libre de tout jugement et de toute opinion ». Et il ajoute : « Si nous sommes sérieux dans notre cheminement spirituel, nous devrions nous engager vraiment dans cette expérience si profonde afin de vérifier combien la pratique fait la différence … ». Pas question ici d’oser résumer en quelques lignes une semaine entière d’enseignements exceptionnels. Rinpoché s’inspirant lui-même du Bardo Thödöl – Le livre tibétain des morts – composé par Padmasambhava au 8ème siècle, écrit par Yeshé Tsogyal, découvert au 14ème siècle par Karma Lingpa et qui témoigne de cette sagesse millénaire de l’extrême-orient. L’entrée en matière de Rinpoché vous en donnera juste un rapide aperçu : « je reviens d’Orissa (*), j’y ai visité plusieurs personnes âgées qui s’approchent de la mort. Parmi elles, une dame que je connais depuis mon enfance. Elle a près de 90 ans et elle est très proche de son départ. J’ai été très étonné de la voir si consciente et si calme. Elle m’a dit à quel point elle n’avait plus d’attachement, ni à sa famille, ni à ses enfants, ni à sa maison, ni même à son corps… Elle est très détendue, totalement prête à partir … Et la mort est quelque chose d’universel. Aussi, c’est bien de comprendre cette période de la mort et du bardo afin de nous y préparer nous-même et d’aider les autres dans cette période la plus importante de notre vie, de la fin de notre vie ».
(* Etat de la fédération Indienne sur le golfe du Bengale où se trouve l’un des monastères de la lignée RIPA)
Diaporama 1 :
Les danses Lingdrö en lien avec Gésar de Ling…
La deuxième semaine nous emporte dans le Drupchö de Yesché Tsogyel ( Grand Accomplissement en tibétain ). Un Drupchö est l’une des formes de pratique les plus élaborées du Vajrayana. C’est une opportunité exceptionnelle de s’immerger, corps, parole et esprit dans l’expérience spirituelle. Cela fait plusieurs années que nous retrouvons et approfondissons ce Drupchö. Et il nous ouvre un champ illimité pour accéder à cette expérience dont Rinpoché nous parle. La dernière semaine sera réservée à un autre Drupchö, celui de Hayagriva. Une grande découverte pour beaucoup d’entre – nous d’autant plus qu’il s’agit d’une divinité courroucée … Un champ illimité de pratique et d’expérience. Cette année, l’ensemble de la retraite est enrichi de danses : les danses Lingdrö et les danses sacrées. Lama Tenzin présente les premières : « Ling c’est tout ce qui se rapporte au roi Gesar de Ling et Drö signifie danse », il ajoute : « Si personne ne connait l’origine des mélodies, on est sûr que les poèmes ont été composés par Ju Mipham Rinpoché au 19ème siècle. Et tout ce que Mipham a créé et écrit est basé sur des faits de l’histoire tibétaine antérieure comme celle du roi Gesar de Ling. Aux temps de Gésar, on fêtait chaque victoire par des danses, des compétitions de tir à l’arc, etc. A cette époque, chanter, danser, participer à des festivités faisaient partie des événements de la vie » … « Les danses Lingdrö comportent au total une quinzaine de chapitres. Le premier est une danse d’offrandes au Guru, au Ydam, à la Dakini, aux protecteurs du Dharma, à Gésar lui-même et ses propres protecteurs. Dans un autre chapitre la danse invite Gésar et toutes les divinités masculines à venir bénir le lieu, ailleurs ce sont toutes les divinités féminines qui sont invitées, etc. Le premier chapitre par exemple est une offrande aux divinités de sagesse, on danse donc avec une kata ». Par le passé, Namkha Rinpoché nous avait présenté cet aspect fondamental des danses Lingdrö ainsi : « Ces danses sont liées aux activités éveillées du roi Guésar … Ce ne sont pas des danses ordinaires … Ce sont des pratiques qui nous aident à vaincre les difficultés que nous affrontons sur le chemin de l’éveil, elles nous soutiennent dans notre progression ».
Diaporama 2 :
… Et les danses « Cham », manifestations du sacré
Lorsqu’on célèbre un Drupchö, des obstacles surgissent créés par des esprits négatifs et les divinités représentées par des masques terrifiants éloignent les obstacles et les énergies négatives. Cette tradition des danses sacrées a notamment pour objectif de les repousser. Les divinités féminines et masculines y sont représentées. Mais la grande différence entre les Lingdrö et les danses « Cham », c’est que les premières sont considérées comme des danses de ce monde, alors que les secondes sont les danses des divinités de sagesse elles-mêmes. Tout y est en relation directe avec le dharma, on les définit aussi comme des danses de la libération par la vue. On ne parle pas ici de libération définitive, mais d’une libération momentanée : le spectacle réduit l’impact de nos émotions négatives et nous libère un court moment de la certitude que ce que nous voyons est la réalité alors que ce n’est qu’une apparence illusoire. Tout se manifeste différemment et une relation subtile s’établit entre le pratiquant et la divinité. On dit que le Cham a un grand pouvoir en lui-même, on dit que danser le cham est le meilleur moyen de purifier plus particulièrement le corps. Les danses sacrées auxquelles nous assistons chaque soir pendant le Drupchö de Hayagriva font partie des traditions de Taksham et de Pema Lingpa. Et ceux qui ont assisté à ces danses vous diront notamment à quel point Lhuntrul Rinpoché devient Dörje Drolö de façon impressionnante. Les autres soirs, les déités féminines et masculines se déploient et nous imprègnent d’une autre énergie. Toutes ces danses sont remarquablement exécutées par les moines venus tout spécialement des monastères RIPA.
Diaporama 3 :
Des moines heureux !
Diaporama 4 :
Album photo
Diaporama 5 :
A bientôt pour un autre blog