«Mon village» Mero Gaon (*)
Accroché à flanc de montagne à 1718 m d’altitude, ce petit village a été détruit dans sa totalité par le séisme d’avril dernier. Il va être reconstruit grâce à l’engagement profond de Gyétrul Jigmé Rinpoché, celui de ses proches et d’étudiants donateurs.
Rinpoché sur les lieux juste après le séisme … L’unique accès au village, le chemin par lequel tout est transporté à dos d’homme ou de femme … Une maison de fortune … La petite école provisoire … Le village entouré de ses cultures en terrasses … Au sud dans le lointain, Katmandou et sa pollution.
En situation de survie. Toute la communauté est tamang, l’un des groupes ethniques du Népal proche des cultures tibétaines et sherpa. Et toutes les familles sont bouddhistes, sauf une qui est chrétienne. Extrêmement pauvres, aucun d’entre eux n’a jamais eu la possibilité d’aller à l’école et le tremblement de terre les a placés dans une situation de survie extrême. Seul point positif : l’eau. Elle est potable car elle provient d’une source située un peu plus haut dans la montagne. Quelques femmes racontent que lorsque le tremblement de terre s’est produit, elle étaient par chance dehors, certaines se sont mises crier, l’une d’entre elles s’est évanouie et un peu plus loin, une jeune fille est morte ensevelie. Tous, sans exception se sont retrouvés sans toit, sans rien, sous le choc et isolés. Accueillants, solides, ces villageois font face et se tournent désormais vers la reconstruction de leur maison, la vie reprend. Il faut préciser que Binay, l’ingénieur népalais responsable de la réalisation du projet a su établir avec eux des rapports spontanés, chaleureux, amicaux, presque familiaux et qu’il est formidablement bien accueilli. A l’écoute, il vient aux nouvelles, répond aux questions, explique et arrive même à les faire rire. Malgré tout, deux jeunes femmes expliquent qu’elles savent désormais que le drame peut se reproduire à chaque instant et qu’une crainte sourde reste là, tapie en arrière plan.
L’une des familles qui nous a reçus … Echanges entre Binay et quelques villageoises … Complicité rires et sourires autour d’une photo … Deux jeunes femmes du village … Les enfants participent à leur manière.
Reconstruire les maisons. Très bien pensé et élaboré par un architecte et un ingénieur sous l’inspiration et l’impulsion de Rinpoché, le projet qui démarre sous la responsabilité et l’autorité de Binay, est à la fois simple et subtil, élaboré et profondément humain. Une maison type a été créée et ce sont les villageois eux-mêmes qui vont assurer la construction des cinquante cinq maisons prévues pour toutes les familles. Elle sera donc gratuite pour eux. L’achat des matériaux, leur transport, les rémunérations de l’architecte, de l’ingénieur et de Binay responsable sur le terrain, étant assumés par les donateurs. C’est aussi sous son autorité que le comité du village établit les priorités de construction, vérifie le travail, assure le suivi. Autorité morale pour l’ensemble du village, ce comité est composé de onze personnes – cinq femmes et six hommes – chacun d’entre eux représentant cinq maisons. Les constructions vont être assurées par vingt villageois après qu’ils auront suivi un entraînement sur place dans une yourte sur le point d’être installée. A leurs côtés, le reste des habitants – y compris les enfants – aidera en préparant les repas, apportant de l’eau, apportant des matériaux, etc, chacun aidant et participant selon ses moyens, son âge et sa force.
Les affaires, les meubles sont stockés comme on peut … … A l’intérieur, on essaie de vivre de son mieux mais la pénurie de gaz n’arrange rien … On fait la cuisine sur un feu de bois adossé à un mur encore debout bientôt démonté pour en récupérer les pierres … Un « toit » consolidé … Maquette des futures maisons … La yourte où s’entraîneront les vingt personnes avant de poser la première pierre.
Et les enfants ? Le jour de notre visite, ils sont là autour des adultes. Certains établissent le contact par un sourire, d’autres restent sérieux et un peu en retrait. Tous observent et écoutent attentivement ce qui se passe, ce qui se dit et qui est traduit en népalais par Binay. Et lorsque les adultes rient à l’une de ses paroles, ils rient aussi. Les plus jeunes semblent avoir retrouvé le plaisir de jouer, mais les jeux sont chargés de sens. Que fait-on par exemple lorsqu’on est une petite fille, que l’on a assisté à la disparition de son village et que l’on a déjà l’expérience du sol qui se dérobe sous ses pas ? Et bien on dessine sa nouvelle maison sur le sol, quelques pierres se transformant en cuisine dans laquelle on prépare les repas et on cuit les légumes. Mais surtout, on fait bien attention à laisser ses chaussures à l’entrée pour ne pas salir sa nouvelle demeure. Touchant, attendrissant … Paradoxalement, ce sera pour moi qui vous écris ces blogs, le moment le plus bouleversant de la journée. Cette scène muette, naïve et innocente, résume tout le drame qui s’est joué ici, au Népal.

Pour ces petites filles plongées dans leur maison et leur cuisine imaginaires, le reste du monde semble ne plus exister
Prochains blogs sur le Gong Ter……
Amicalement et à bientôt, M.B.
(*) Mero Gaon – « mon village » en tibétain – a pour mission de reconstruire des villages népalais affectés par le séisme et de permettre aux populations le retour à une vie normale et d’assurer ses besoins de base.
Plus d’informations – effectuer un don : info@ripaladrang.org, info@merogaon.org
et le site de la fondation : http://www.ripaladrang.org